Notre aéroclub porte le nom de « Aéro Club Louis Bonte » depuis 1984 en mémoire d’un ancien directeur du Centre d’Essais en Vol (CEV ), mais il est clair que 1984 n’a été que l’année d’un changement de nom et que dans sa forme et ses objectifs notre aéroclub existe depuis avant 1940. Donc je présenterai de façon chronologique cet historique en le commençant vers 1940.
l’ingénieur général Louis Bonte
Depuis le début de son histoire, notre aéroclub est lié au CEV (appelé de nos jours DGA Essais en Vol) et la plupart de ses membres sont issus du personnel du CEV dans le Sud-Est de la France, donc rattachés à la Base d’Essais d’Istres. Mais pas exclusivement, car notre aéroclub a toujours accepté d’autres membres extérieurs au CEV.
Pendant longtemps le CEV a compté quatre centres d’activité en France :
- la maison mère en région parisienne à Brétigny sur Orge
- l’annexe d’Istres dans le sud-est. En fait, tout au début le centre d’activité était à Marignane, puis s’est déplacé à Istres à la fin des années 40, pour y rester jusqu’à nos jours
- l’annexe de Cazaux dans le sud-ouest
- le détachement de Toulouse
Après la deuxième guerre mondiale, l’activité de pilotage au profit des personnels intéressés du CEV a commencé dans les divers centres d’activité du CEV, et pour le sud-est une activité de vol à voile s’est établie sur le terrain de Berre la Fare proche de Marignane, avec des remorqueurs prêtés par le CEV.
En Septembre 1947, il a été décidé de regrouper l’activité de pilotage de loisirs des personnels de l’ensemble des bases d’essais du Centre d’Essais en Vol dans un seul club appelé « Aéroclub Maurice Cambois » du nom du premier directeur du CEV et comprenant 4 sections correspondant à chacune des régions d’activité :
- pour la maison mère à Brétigny sur Orge, c’était la « section François Richet »
- pour le sud-est, le nom était « section Simone Gervais »
- Toulouse et Cazaux avaient aussi leurs sections qui s’appelaient simplement « section de Toulouse » et « section de Cazaux »
En ce qui concerne la section « Simone Gervais » de l’aéroclub Maurice Cambois , on peut considérer que c’était le nom de notre aéroclub, avant qu’il ne porte le nom d’aujourd’hui « Aéro Club Louis Bonte ». Le nom de Simone Gervais était celui d’une jeune femme, membre du service du personnel d’Istres, qui est décédée dans un accident de planeur sur le terrain de Berre La Fare le 10 avril 1948. Une stèle à sa mémoire avait été placée sur le lieu de l’accident ; elle a été déplacée depuis et se trouve maintenant près de la barrière à l’extrémité ouest de notre parking voitures.
Lors du déménagement de la base d’essais de Marignane vers Istres, l’activité de la section est restée sur le terrain de Berre la Fare, Pour différentes raisons, entre autre à cause de la montée en puissance de l’aérodrome de Marignane proche (Marseille Provence aujourd’hui), le vol à voile a été rapidement abandonné, et seule l’activité avions à moteur s’est exercée.
Le directeur du CEV à cette époque, l’Ingénieur Général de L’Armement Louis Bonte a alors demandé en 1949 à M. Eugène Sixdenier d’être, en tant que bénévole, le Chef pilote et le Président de la section « Simone Gervais » de l’aéroclub Maurice Cambois . Monsieur Sixdenier était un ancien pilote militaire qui avait été embauché au CEV en tant que pilote civil à la fin de sa carrière militaire, et de ce fait avait une très grande estime et une énorme reconnaissance envers l’ingénieur Général Bonte. Il a bien sur accepté la demande de ce dernier et a considéré qu’il devait respecter son engagement tant qu’il en était capable. C’est ce qu’il a effectivement fait puisqu’il a été pendant une cinquantaine d’années Président et Chef-Pilote de notre aéroclub.
On ne peut pas évoquer cette période de notre aéroclub sans dire quelques mots sur la forte personnalité de Eugène Sixdenier, Azur SIX par son indicatif radio du temps où il était en activité au CEV, mais que beaucoup ont continué à appeler ainsi après. Il avait une « passion immodérée du vol, ainsi qu’un de ses chefs PN a écrit à son sujet. Il est devenu pilote de Réception au CEV en 1951 (on dirait Pilote d’Essais de Classe B de nos jours) puis Pilote d’Essais spécialiste des essais moteurs en 1952. Il était reconnu comme étant le spécialiste des essais d’Extinction puis de Rallumage en vol sur les prototypes monoréacteurs de l’époque (Vampire , Mistral, Ouragan, Mystère II, Mystère IV…) sur lesquels il a effectué de l’ordre de 700 extinctions, dont 25 environ se sont terminées par un atterrissage réacteur éteint, où il devait gratter le givre sur la verrière afin d’apercevoir l’entrée de piste et se poser avec précision. C’était également un amoureux de la voltige, spécialiste du vol dos prolongé, pilote de meeting où il aimait terminer sa démonstration sur son Stampe par une approche hélice calée en vol dos, en revenant ventre en finale. Il avait envisagé de modifier son avion pour se poser sur le dos, mais il n’en avait pas eu l’autorisation. Il était également juge international de voltige.
L’aéroclub Maurice Cambois avec ses quatre sections « François Richet » à Bretigny, « Simone Gervais » à Istres et celles de Toulouse et Cazaux n’a cessé de se développer pour devenir en 1983 le premier aéroclub de France avec 8000 HDV (l’année précédente, il était le deuxième avec 7440 HDV) L’expansion provenait essentiellement de Brétigny avec l’extension à de nouveaux membres de la DGA extérieurs au CEV, et de Toulouse avec l’activité des écoles aéronautiques ENSAE et ENSICA. Il est alors apparu au président à cette époque de l’Aéroclub Maurice Cambois , l’Ingénieur Général Jean Forestier, que les statuts centralisateurs de ce gros aéroclub composé de 4 grosses sections différentes et chacune d’elles suffisamment dynamique pour se gérer indépendamment , n’étaient plus adaptés aux structures régionales de nos interlocuteurs, la DGAC avec ses districts régionaux et la FNAe (maintenant FFA) avec ses unions régionales. De plus l’accession de l’aéroclub Maurice Cambois au premier rang français portait le risque de nous éloigner de cette situation agréable qu’évoque si bien un vieux dicton « pour vivre heureux, vivons cachés ». Il a donc été décidé que chaque section devienne un aéroclub, après dissolution de l’aéroclub Maurice Cambois.
C’est ainsi qu’en 1983 ou 1984, suivant les délais de procédure, que :
- la « section François Richet » est devenue l’ « Aéro Club François Richet » à Brétigny
- la « section Simone Gervais » est devenue l’ « Aéro Club Louis Bonte » à Istres. Ce nom a bien sûr été proposé par le président Sixdenier en fonction de l’admiration et de la reconnaissance qu’il avait pour Louis Bonte, mais personne ne s’est opposé à ce que notre aéroclub porte le nom d’un grand directeur du CEV reconnu par toutes les personnes qui l’ont connu.
- La section de Toulouse est devenue « Aéro Club Claude Chautemps » du nom d’un ancien pilote d’essais du CEV
- La section de Cazaux est devenue l « Aéro Club François Hussenot » du nom d’un ancien ingénieur du CEV.
Jean-Pierre THEVENON
Membre du bureau de 1976 à 2006
Successivement et/ou simultanément
Secrétaire,Trésorier, Chef-Pilote